Le commerce maritime est devenu le laboratoire mondial de l’ultralibéralisme, et la mer le berceau de toutes les dérégulations. Un panorama édifiant des pratiques des armateurs et de l'impact du offshore sur notre avenir.
Des cargos de plus en plus imposants déchargeant des conteneurs en nombre exponentiel dans des ports démesurés… : en démultipliant les échanges, la mondialisation a radicalement transformé le visage du commerce maritime. Le ballet incessant de 53 000 navires sur les mers du globe – plus de 90 % du commerce planétaire – est ainsi devenu une figure obligée de l'économie contemporaine. Et pourtant, le monde du shipping (de l’anglais "ship", bateau) est mal connu, voire invisible : privatisés de façon croissante, se développant à l’écart des centres urbains, les ports sont de plus en plus interdits au public. Ce qui, ajouté à la dérégulation impulsée par les armateurs, renforce l’opacité d’un univers ne révélant ses failles que lors des catastrophes, des marées noires pour l'essentiel. "Celui qui commande la mer commande le commerce ; celui qui commande le commerce commande la richesse du monde, et par conséquent le monde lui-même." S’inspirant de cette sentence de Sir Walter Raleigh, célèbre explorateur britannique du XVIe siècle, le documentaire de Baudouin Koenig multiplie les angles de vue pour radiographier un univers complexe. Des conditions de travail des marins jusqu’à l’invention des conteneurs, de Shanghai à Rotterdam en passant par le Pirée ou Marseille, Qui contrôle la mer ? éclaire les multiples facettes d'une "libéralisation heureuse" et "d’une main qui régule le profit pour le bonheur de tous"… si l’on en croit le discours lénifiant des armateurs.
Pavillons noirs sur l’avenir
Mais le scepticisme l’emporte car, dans le monde du shipping, qui impose sa loi aux États, les zones d’ombre sont nombreuses. Les trois quarts de la flotte sont enregistrés sous des pavillons de complaisance, aux couleurs de pays (les îles Caïmans, Malte, Panama, etc.) qui ont compris l'intérêt de pratiquer l’optimisation fiscale et la souplesse administrative. Ce qui rend parfois impossible l’identification des responsables en cas de naufrage. La course au profit peut pousser les navires à violer les règles en matière de sécurité et de respect de l'environnement. Le terrorisme sur mer se développe, prenant le commerce maritime comme cible d’autant plus tentante que la surveillance est quasi inexistante. Le film prend la mesure de ces données fondamentales et prédit un futur sombre : si les règles du shipping changent, cela sera uniquement après "The Big One", l’attentat ou la catastrophe qui paralysera le commerce mondial. Portée par de nombreux témoignages, une enquête approfondie sur notre avenir maritime.
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