Un cœur perdu et autres rêves de Beyrouth

« Tu te plains alors que tu es vivant ? » Dans leurs rêves, les habitants de Beyrouth croisent celles et ceux qu'ils ont perdu·es. Les morts hantent leurs nuits. La culpabilité des survivant·es y prend la forme de zombies, de murs qui s'effondrent, de blessures qui ne guérissent pas. La force de ces récits livrés en voix off est de s'ancrer dans des expériences sensorielles, au plus profond des corps. Très cinématographiques, iIs font apparaître les traumas liés aux différentes strates de l'histoire du Liban. De la guerre civile des années 1970-80 jusqu'à l'explosion du port en 2020, en passant par les bombardements israéliens de 2006, les esprits et les corps sont marqués durablement. À l'image, la vie continue pourtant. Si les fantômes cohabitent avec les vivants, la mer continue de baigner les rives de la ville, les familles marchent sur la corniche et la sensualité pulse encore sur les dancefloors. Il faut de la lumière pour faire exister les ombres.

Éva Tourrent

Responsable de la programmation et co-directrice artistique de Tënk