À Saint-Pons de Thomières, village perché dans l’Hérault, la police ne badine pas avec le terrorisme. Sûre de son coup, elle arrête au petit matin une poignée d’habitants soupçonnés d’être les auteurs anonymes de menaces à l’encontre de quelques hommes politiques dont Nicolas Sarkozy, alors président de la République. Qui sont ces dangereux individus cueillis dès potron-minet ? Ils ont des mines "pas tibulaires, mais presque". Certains ont les cheveux longs, d’autres sont tatoués. Ils se retrouvent au lieu dit la Cigale, le bar-tabac du coin. Affichent une moyenne d’âge de 70 ans : des papys flingueurs lanceurs d’alerte soupçonnés d’être les auteurs des fameuses – pour ne pas dire fumeuses – missives. L’accusation repose sur du vide et s’éteindra, comme un feu de paille.
Le film démonte l’engrenage politico-répressif où tous ceux qui ne filent pas droit sont désormais suspects. Ici, exit la plainte, place à l’humour ravageur pour raconter cette histoire où les héros sont des citoyens, des militants qui se mêlent de ce qui les regarde et ne s’en laissent pas conter par les autorités. Un film jubilatoire, impertinent, un film qui conjugue utopie et politique.
Marie-José Sirach
Journaliste et critique à L'Humanité